Epopée canadienne (1880)                          

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le 23 Septembre 2018

La tombe de Léa Roth au cimetière public d'Humbold

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    Les recherches menées en Pologne et en Allemagne pour retrouver une trace des familles Gorsalitz ont "fait choux blanc". La raison en est simple : John Gorsalitz était Prussien. A la fin de le 2ème guerre mondiale, sa région d'origine a été coupée en deux, une partie est restée allemande, l'autre partie a été rattachée à La Pologne qui dépendait du bloc Soviétique. Les recherches dans ces régions sont très difficiles. Il est probable que "Gorsalitz" soit un nom donné à ce prussien lors de son arrivée au canada quand il disait venir de "Görlitz"... nous pourrons peut-être un jour mettre la main sur un document officiel d'époque....

    Pour Léa Roth, nous avons des informations précises sur ses origines. Mais les suppositions concernant un départ vers le Canada avec des émigrants irlandais se sont avérées fausses. De plus, les transcriptions manuscrites de Léa ont donné naissance à des Lee, Leah, Lili Roth ... qui ne simplifient pas les recherches!

    Nous savons que Léa a été expédiée au canada sur un bateau appelé "Narnia" en juin 1884 par le National Children London qui l'avait recueillie .
    Le bateau a pris la Mer à Liverpool et est arrivé au Québec la même année.
    Léa figure sur les listes de recensement de 1891 au canada avec une famille "Maïté" et on peut supposer qu'elle vivait au service de cette famille.
    Elle s'est mariée en 1895. Est elle restée avec cette famille jusque là? ou était elle employée dans l'orphelinat près de Makinak?
    Léa figure sur les listes de recensement de 1901 avec son mari et ses 4 enfants et nous sommes sûr qu'elle est restée avec sa famille jusqu'à sa mort le 06 Décembre 1906.
    Nous savons aussi que les organisations humanitaires de l'époque en Angleterre récupéraient les enfants errant dans les rues pour les soustraire à une vie de travail difficile, les convertir à l'anglicanisme, et que dans certains cas, ces enfants étaient expédiés seuls ou avec des familles pour peupler les colonies un peu partout dans le monde.
   Depuis le début des années 2000, certains gouvernements se sont excusés pour les erreurs et négligences relatives à cette "émigration forcée".

    Léa était sans doute considérée comme une enfant juive. Roth est à l'évidence un nom juif.
A ce sujet, Linev August, l'amie de Norma, décédée le 06 Aout 2017, le contact par lequel j'ai pu avancer dans mes recherches a une idée sur la question.
A cette époque précise (1875/1880), un missionnaire évangéliste nommé George Muller ( https://en.m.wikipedia.org/wiki/George_Müller ) pourrait être à l'origine du départ de Léa en Angleterre.
    1) Sa mission était de convertir les juifs au christianisme
    2) Il avait la charge d'un orphelinat en Angleterre
    3) Il était d'origine allemande
    4) Il a beaucoup voyagé en Suisse, en France et en Allemagne pendant ces années.

    Aucun fait précis ne vient étayer ces suppositions, mais la démarche de ce missionnaire cadre bien avec l'attitude des religieux de l'époque vis à vis des orphelins en Angleterre.
    Les recherches sont toujours en cours avec d'une part la branche canadienne Gorsalitz et d'autre part avec National Children UK et Action for Children London...
    Il suffit de tomber sur "la bonne personne" qui pourra fouiller dans les archives et retrouver l'enregistrement de l'entrée de Léa dans un orphelinat à Londres.



le 12 Septembre 2007

Chaussée SAINT THIEBAULT où est née Léa

La rue où naquit Léa Roth en 1874

        Le 5 juillet 1874, un dénommé Philippe Roth, âgé de 48 ans, tonnelier à St Dizier, domicilié rue St Thiébault faubourg de Gigny, déclare à la mairie de St Dizier que son épouse Catherine Lutmann, âgée de 40 ans, vient de mettre au monde une petite fille Léa Roth.
       Deux ans plus tard, Catherine décède laissant deux orphelins Léa et son grand frère. Son mari, seul avec ses deux enfants, sombre dans la boisson et délaisse ses enfants.
       En 1879, le clergé de St Dizier retire les enfants à leur père et confie Léa, alors âgée de 5 ans, à "des personnes" en partance pour l'Angleterre.
       Le frère de Léa, Philippe, alors âgé de 9 ans est placé dans une ferme en Suisse. Il s'en échappera à l'âge de 12 ans pour rentrer en france. Il se fait ramasser par la police qui le ramène chez son père, remarié, qui n'habite plus à St Dizier. Mal accepté par sa belle mère, il repart seul dans sa région d'origine et se fait embaucher aux hauts fourneaux de Marnaval.

la chapelle Saint-Thiébault reste du monastère

       Revenu à Marnaval où il se maria le 17 novembre 1890, il fonda une famille, domiciliée 12,rue du bois. Il eut 5 enfants. En 1897, sa femme mit au monde une fille qu'il prénomma Léa en souvenir de sa soeur qu'il ne revit jamais.
       C'est cette Léa Roth qui épousa Fernand Delaplace, père de Maurice Delaplace.

       La Léa Roth qui émigra au Canada était donc la grand-tante maternelle de Maurice.

       Il a été impossible de savoir qui sont ces "personnes" qui emmenèrent cette fillette de 5 ans et comment elle se retrouva très rapidement dans un orphelinat au Canada à Makinak dans le Manitoba. Nous savons seulement que pendant tout le 19 ème siècle, les irlandais ont fui leur pays en masse pour des raisons, religieuses ( catholique et anglicans ), politiques ( occupation anglaise) et économique (famine, pauvreté). Les irlandais ont émigrés partout dans le monde, mais principalement aux Etats-unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du sud, Inde.... et aussi vers certains pays d'europe comme la France car il pensaient que les conditions de travail et de vie étaient meilleures. A la fin du 19ème siècle, les irlandais représentaient 25% de la population du Canada.

   

la ville de Görlitz (Allemagne) et Zgorzelec (Pologne)
en réalité une seule ville coupée en deux par l'histoire

       L'émigration polonaise a été encore plus massive  que celle des irlandais. De tous temps, la pologne a fait l'objet d'occupation, de démembrement par les Autrichiens, les prussiens, les russes ou les ottomans. Ce n'est qu'au début du 20ème siècle qu'elle est devenue un état (presque) indépendant. Les grands bouleversements politiques de la fin du 19ème ont fait fuir de nombreux polonais qui refusaient de vivre sous la tutelle des russes. Les russes avaient interdit la langue polonaise à l'école et les opposants russes étaient durement réprimés. Ce sont 9 millions de polonais qui ont fui leur pays vers des horizons plus prometteurs : les Etats-unis, la France, l'empire ottoman et ... le Canada!

       Le 31 mai 1864, une Allemande Wilhelmina Kaczor, épouse de John Jacob GORSALITZ, originaire de Görlitz, petite ville située sur la frontière actuelle de l'Allemagne et de la Pologne, met au monde un enfant prénommé Frédérick et meurt en couche.
       En 1869 le petit Frédéric Gorzalitz, âgé de 5 ans, dont la mère est morte à sa naissance, embarque avec son père, son frère aîné handicapé, sa soeur, son oncle et sa tante pour émigrer au Canada.
       Ils arrivent à Toronto puis partent dans l'Ontario où son père s'installe et achète sa première propriété agricole.
       En 1892, Frédérick fuit l'atmosphère familiale qui ne lui convient pas. Il quitte son père remarié pour s'installer dans le Manitoba, dans la région de la rivière Ochre (Ochre River) où il achète des droits d'exploitation agricole.
       Sa première ferme se situe à quelques kilomètres de Makinak où se trouve alors Léa Roth dans son orphelinat.
       Nous ne savons pas dans quelles conditions il rencontra Léa Roth, toujours présente à l'orphelinat en 1894.        Ils se marièrent en 1895 et eurent leur premier enfant en 1896.
       Léa mit au monde 6 enfants et mourut de la fièvre typhoïde le 12 Décembre 1906, suivie 8 jours après par son 3ème enfant Philip âgé de 8 ans.

                L'histoire de Léa Roth entre 1879 et 1894 nous est totalement inconnue. Nous pensons qu'elle n'a pas été adoptée et qu'elle est restée pendant 15 ans dans cet Orphelinat jusqu'à sa rencontre avec Frédérick.

Commentaires rédigés par Fay Bertrand-Lucas (Vancouver)
Petite-fille de Frédérick et Léa

 

AVANT-PROPOS

       L'histoire de chaque famille ayant émigré autrefois au Canada est marquée par le même genre d'expériences. C'est toujours l'histoire d'êtres qui abandonnent familles et amis pour se rendre en terre étrangère, profondément déterminés à y trouver un nouvel habitat dont ils deviendraient les propriétaires.
       Ils recherchaient liberté, indépendance, opportunités et sécurité - ces quatre libertés proclamées bien des années après leur arrivée être libérés de leur peur, libérés de la misère, liberté d'expression et liberté de culte.
       Ces Libertés valaient bien les épreuves et tribulations qui pouvaient être nécessaires à leur accomplissement.. Nombre de nouveaux émigrants qui ne parlait pas du tout l'Anglais, qui ne savaient ni lire ni écrire, devaient endurer leur sort jusqu'à ce qu'ils apprennent à communiquer avec la population de la nouvelle terre sur laquelle ils voulaient désormais s'établir.

POURQUOI SONT-ILS VENUS ?
       Ils sont partis pour de multiples raisons. Cela dépendait des pays, d'où ils venaient : certains pour des raisons religieuses, d' autres recherchaient l'indépendance ou une vie meilleure pour leurs enfants; d'autres encore recherchaient l'aventure, en défiant L'inconnu.
       La majorité d'entre eux vinrent au Canada pour y trouver une vie: meilleure que celle qu'ils laissaient derrière eux.

LES EPREUVES
       Ils endurèrent bien des épreuves avant d'arriver dans leur nouveau pays.. Ils devaient déjà "survivre" tout au long de la traversée de l'océan. Le voyageur emportait généralement avec lui ses propres provisions, nécessaires au long voyage; plus tard, des arrangements permirent d'acheter la nourriture en même temps que le billet de voyage, mais ça augmentait tellement les frais que beaucoup continuaient à s'alimenter avec leurs provisions personnelles.
       Pour donner une image complète de ce problème de nourriture, il faut se rappeler que ces voyages étaient entrepris avant l'époque des conserves de viandes et légumes en boites, des chambres froides et de la réfrigération. Peut-on imaginer quelle besogne ce devait être pour les voyageurs, que de préparer assez de ravitaillement pour une traversée qui pouvait durer au-delà de quatre semaines dans de telles conditions ? Nous pensons parfois que c'est tout un travail de préparer un déjeuner pique-nique. Aimerait-on préparer une centaine de repas à l'avance pour le voyage d'un groupe d'adultes et d'enfants affamés?

       Les bateaux étant construits en bois, il ne pouvait être question d'allumer du feu pour se chauffer, préparer ou cuire les repas, aussi devaient-ils prévoir à l'avance assez de nourriture et provisions, à emporter et à faire durer pour la longue traversée.
       La navigation était lente, les vents contraires et les tempêtes retardaient tellement le voyage, qu' au moment d'arriver à destination, leurs provisions étaient presque ou totalement épuisées.
       Bien des histoires déchirantes auraient pu être racontées par ces voyageurs d'autrefois. Il est dommage que la plupart des écrits n'ait pas été conservée, la vie trop affairée ne le permettait pas.
       On ne peut s'empêcher d'établir le contraste entre ces voyages si pénibles et ceux des émigrants d'aujourd'hui qui peuvent traverser l'océan en quelques heures seulement. On voit combien les progrès dans le domaine des transports ont été extraordinaires depuis une centaine d'années.

       Les gens, pour la plupart, étaient heureux de leur nouvel environnement : bonheur venant d'un travail sûr, un labeur honnête, une mentalité non corrompue par la complexité de la vie moderne. Les enfants étaient élevés dans un environnement familial, puis ils se rencontraient dans des granges, s'occupaient des abeilles, dansaient, travaillaient aux côtés de leurs parents; le résultat était que les problèmes de délinquance juvénile ne faisaient pas partie de la vie quotidienne comme aujourd'hui.
       N'est-il pas surprenant que nous, les descendants du 20ème siècle, revenions à la vie simple et primitive de nos ancêtres dés que nous voulons passer de vraies vacances ?
       Combien nous désirons retrouver le grand air, une simple cabane avec son âtre, et un feu de camp ! Combien nous apprécions des conditions de vie primitive, sans électricité, sans air conditionné, sans wc à l'intérieur ni salle de bain, ni téléphone, etc ...!
       Ces colons d'autrefois ont peut-être eu quantité de choses que nous avons perdues. Leur vie simple, leur travail rude, leur nourriture simple, (des aliments riches en vitamines et sels minéraux parce que provenant d'un sol vierge), explique en grande partie leur longévité. Ils ignoraient tout des vitamines et des petits pots pour bébé. La nature pourvoyait à la majeure partie de leurs besoins.
       En dépit de toutes les épreuves et souffrances, la majorité s'en sortait avec un sentiment nouveau de confiance, de détermination, et sachant par dessus tout que rien de ce qui en vaut la peine ne se gagne facilement ou n'est tenu comme acquis.
       Avec toutes ces idées en tête, et grâce à Dieu, ils survécurent.

Sandra Massey devant les restes de la ferme de ses grands parents la ferme de Fréderick  Gorsalitz

La ferme de Frédérick et Léa retrouvée en 2008
par Sandra Massey dans la région de Ochre River Manitoba
Frédérick et Léa étaient les grands parents de Sandra

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Pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où l'on vient
Contact : michel@delaplace.fr

  La dernière mise à jour de cette page date du 15 février, 2021 09:33